La nuit est tombée, les étoiles sont absentes, le ciel nuageux.
Il va pleuvoir. Fort.
Mais un peu d'eau n'a jamais tué qui que ce soit. ...Quoique... En fait si, sûrement, mais peu importe.
Haku fini de compter ses recettes de la journée, assis en tailleur au milieu d'un parc, maintenant, il n'y a plus personne, sauf quelques rendez-vous tardif et une dame qui promène son chien, peu de gens ont la chance de pouvoir écouter la ville à cette heure-ci, dans les coins plus éloignés du centre. C'est calme. Le son des voitures est lointain. Le sol ne vibre plus des pas d'un trop-plein de piétons, bref, il y a quelque chose d'éperdument apaisant quand le soleil se couche derrière tout ces bâtiments.
Après, il sait d'expérience que le centre lui, est toujours crépitant d'activités. Néanmoins, l'atmosphère change. Il a toujours préféré la nuit au jour de toute façon.

568 ¥. Pas mal. Assez pour aller jusque demain midi.
Bref. Il rangea l'argent dans une bourse qu'il cacha dans sa manche et se leva. Il avait déjà repéré où il dormirait ce soir, pas loin d'ici vraiment. En quelques minutes, il y était, devant cette boutique de fleur. Il aurait très bien pu dormir dans le parc, mais avec cet air orageux, il ne voulait pas risquer l'électrocution en se reposant sous un arbre. Et puis, le soir, les fleurs sentent bien plus fort que la journée. C'est agréable.

Ouais. Il serait très bien là, entre les pots, en profitant du petit auvent.
Il espérait juste que l'orage ne serait pas trop bruyant, il a le sommeil trop léger pour ça et bon, une nuit blanche, c'est toujours intéressant, mais il n'avait pas la tête à ça aujourd'hui. Hmhmm...

La journée avait été épuisante, à bien des aspects. J’avais eu un problème avec mon fournisseur de fleurs, ce matin. Impossible de me faire livrer les plants que j’avais commandés il y a pourtant trois semaines pour cause de soucis techniques. Soit. Et je fais comment, moi, pour annoncer aux clientes qu’il y aura du retard dans leurs commandes ? Apparement, c’était bien mon problème et le mien uniquement. D’autant qu’il se refusait à me faie une ristourne, peu importe comment j’amenais la chose. Quelle attitude franchement leste. Ce n’était pas très commercial, tout ça. Mais bon, je n’avais pas le temps de m’éterniser au téléphone – c’est sans doute ce qui lui sauva la mise de ma colère,  d’ailleurs. Je devais gérer la boutique.
Après avoir raccroché, comme je m’y attendais, il a fallu que je calme les ardeurs d’une cliente qui était mécontente de s’être déplacée pour rien puisque son plant était en retard. Et gnagnagnagna j’ai pas que ça à faire moi mademoiselle, et gnagnagna na la jeunesse de nos jours ça ne respecte plus rien et gnagnagnagna… Rah ! Putain ce que ça a pu me saouler. Je lui aurais bien répondu que de toute manière si elle attendait une semaine de plus, c’était pas ça qui allait changer quoi que ce soit à sa tronche d’écorce ridée mais, quelque chose me dit que ce n’était pas la meilleure chose à faire. Donc j’ai laissé couler et le reste de la journée s’est enchainé comme ça. Comme si de rien n’était. Ou presque.

Car, alors que j’allais aller me coucher, après une bonne douche bien méritée, je me suis rendue compte d’une chose : j’avais omis de rentrer les plantes dans la boutique pour la nuit. Ni une ni deux j’ai sauté dans mon pyjama et suis descendue rapido jusqu’au rez-de-chaussée. Là, j’ouvris la porte de la boutique et commençai à rentrer les vases en plastiques qui contenaient les fleurs laissées dehors.

Ce n’est que lorsque je me suis emparé d’un sceau un peu plus lourd que les autres que j’ai vu une forme humanoïde (enfin, vaguement) allongé là. Sous la surprise, j’ai lâché ce que j’avais dans les mains – déversant la flotte sur l’individu en question – et ai reculé de quelques pas. « QUI ÊTES-VOUS ?! ». Attention hein, j’étais peut-être en tenu de nuit ridicule, mais je pouvais toujours me défendre, moi et mon commerce.

SPLASH ! « QUI ÊTES-VOUS ?! »
Quequiya ?
Haku ouvrit un œil, tient, il était trempé maintenant. C'est embêtant, il fait frisquet, mouillé comme ça et il ne séchera pas rapidement. Qui est l'individu qui a cru que c'était une bonne idée ? Il regarde de haut en bas la jeune femme, prenant en compte son physique, ses cornes (se retenir de faire une blague sur le fait qu'elle devait être cocu) et son... accoutrement ridicule. Qui sort dans la rue en pyjamas ? Quel manque de jugeote consternant.

Il ouvre finalement son deuxième œil, ne prenant cependant pas la peine de se lever, il était bien là. Même aillant l'air d'un chien mouillé.

« Hm ? Ritsuka. Et vous ? Vous m'avez arrosé pour me réveiller ou parce que vous m'avez pris pour une fleur ? Soyez gentille et ne refaites pas cette erreur à l'avenir, c'est très désagréable de dormir trempé. » Et en plus, il risque d'attraper un rhume, ce qui ne serait vraiment pas pratique vu son occupation.
Enfin, voyons le bon coté des choses, ça coûte largement moins cher de prendre une douche de cette manière que d'aller dans un bain public. Ah, peut-être était-ce en voulant rendre service que la blonde avait fait ça ? Quelle grandeur de cœur ! Mais très mauvais timing.
Bon sur ce, il referme les paupières, bien décidé à retourner au pays des rêve.
Ah.
Il renifle.
Voilà qui ne vas pas faciliter les choses.

Non mais… Sur quoi je suis tombée, au juste ? Je ne crois pas avoir déjà croisé un individu pareil, aussi… bizarre. Et indolent. Il vient de se recevoir de la flotte sur la tête et il ne bronche pas. N’importe qui d’autre aurait hurlé, m’aurait maudite ou autre. Lui, pas. Il veut juste… continuer à pioncer. Non mais il s’est cru où celui-là ? Au jardin public ?!

« Je peux savoir ce que vous faites ici au milieu de mes fleurs ? » Non mais oh, propriété privée, ça lui dit quelque chose ? Apparemment pas. Tant pis, je tente quand même. Je pose le pot en plastique vide sur le sol et mes mains rejoignent ensuite mes hanches. Il devrait comprendre la désapprobation de sa présence ici ainsi, non ? « Vous aurez l’obligeance de vous éloigner, je ferme boutique de toute manière alors vous n’avez rien à faire ici ! »

Bon, l’avantage c’est que je pensais avoir affaire à un type dangereux, mais il n’a pas l’air de l’être tant que ça. Tant mieux. Ça m’évite une plaie à gérer en plus. Bon, après je peux très bien me planter, je suis bien placée pour savoir que l’habit ne fait pas le moine. Mais bon, je vais croiser les doigts pour cette fois ?

Uh ok. Rude.
C'est pas qu'Haku n'aime pas se faire hurler dessus, mais... un peu quand même. En plus elle n'a même pas répondu à sa question. Soit, si elle ne désire pas divulguer son nom, il l'appellera Latordue, elle l'a cherché.

« Oh ce sont vos fleurs ? Très jolies. Et si c'est pour les clients que vous vous inquiétez, je comptais partir à l'aube. Maintenant, je ne vois vraiment pas où est le problème si je reste ici cette nuit. » Pour qui le prend t'elle exactement ? Un puceron ? Il ne va pas se mettre à déguster ses capucines...quoique...c'est comestible... Oui non, une autre fois peut-être. (sûrement)
Au moins, cette fois, il se redresse un peu, s'asseyant en indien tout en continuant de fixer les graphique désastreusement mignon du pyjama de LaTordue. Il est sûr de connaître cette espèce de chat...

« Tsk. Aucun savoir vivre... Me balancer de l'eau sale et chercher à me chasser comme ça. C'est quoi la suite, des coups de balai ? J'espère que vous traitez les animaux mieux que vous ne traitez l'espèce humaine. » Un peu de respect, que diable !

« Ah ! » Lueur de reconnaissance dans ses yeux, première vrai réaction visible sur son visage. « Coucou kitty ! C'est ça nan ? » Nan.

Je… Je dois admettre que j’ai été prise au dépourvu, pour le coup. Je n’avais pas l’intention de paraître si mauvaise, loin de là ! Juste… De défendre mes biens ? Aurais-je donc manqué des aspects sociaux que je n’aurais pas soupçonné autrement ? Après tout, il est vrai que je suis pas mal inapte à la vie en société après mon enfermement de quinze ans chez les yakuzas. Et malgré tout ce que je peux dire, deux ans, ce n’est pas assez pour corriger ce genre de travers qui a duré des années durant. Je me sens tout à coup très coupable. Le ‘coucou kitty’ de l’étranger apparemment nommé Ritsuka me fait bugué mais sans plus. Je ne relève pas.

« Je… Excusez-moi je ne voulais pas paraître odieuse, je n’ai jamais été confronté à ce genre de situation avant… » Et s’il attrape froid par la faute, durant la nuit ? Non, je … Je pourrais dire que je n’en ai que faire mais ce serait mentir. Je ne connais que trop bien ces sensations après tout.

« En signe d’excuse, est-ce que je peux vous être utile ? » Je m’accroupie à son niveau, après tout, il n’a pas l’air bien méchant. Et puis le cas échéant, je suis bien capable de me défendre, non ?

Oh zut, LaTordue a mal pris, ou plutôt à pris trop à cœur sa remarque. Il ne chercher honnêtement qu'à dormir, pas à faire culpabiliser monsieur ou madame tout le monde ! Enfin, peut-être saura-t-il être plus délicat la prochaine fois, elle ne semble pas si étroite d'esprit que ça au final, ça serait petit de sa part de ne pas le prendre en compte.

De plus prêt, elle est moins sévère aussi, le visage sortit de l'ombre semble moins âgé qu'il n'aurait crut.
« Excuses acceptées, je vous assure ne vouloir aucun mal à vos biens, il est juste plus confortable de dormir entouré de fleurs que de prendre refuge dans une ruelle impropre. »
Distrait, il réfléchit, les yeux scrutant ceux de la femme, elle ne semble pas tenir quelconque malices, même s'il n'est pas expert de la chose, les voleurs et autres coquins ont un pétillement qui se désintéresse de l'humain.
Il détourne enfin le regard pour regarder le ciel. Une offre. Un service. Que peut-elle lui donner ?
« Je ne dirais pas non à une serviette. Et votre nom. Je pense que vous seriez largement acquitté avec ça. Je ne peux vraiment pas continuer de vous appeler LaTordue dans ma tête, n'est-ce pas? » Il lui adresse un sourire, avec ça, sa bonne fois devrait être approuvée non ?

Je… LaTordue ? Pardon ? Est-ce qu’il parlait vraiment de … moi ? Je. Mais. Je. Mais enfin !

Ceci étant dit, je ne peux m’empêcher de rire aux éclats en prenant acte de cette dénomination ma foi étrange mais qui, en y réfléchissant bien, faisait tout à fait sens. Vu l’approche que je lui avais offert, il pouvait bien me désigner de la sorte, j’imagine. C’était tout à fait mérité. Je n’avais qu’à pas crier au loup avant de savoir ce qu’il en était. Ma faute, ma sanction. Tout rentrait à peu près dans l’ordre, maintenant. A un détail près. « Kasai. Je m’appelle Sachiko Kasai. »

Si mes oreilles ne m’avaient pas joué de tours, je pensais avoir capté l’essence d’un prénom parmi ses mots. Ritsuka, non ? Je ne me sens pas assez à l’aise avec moi-même encore pour l’interroger davantage à ce propos. Me redressant, je l’invite donc à me suivre à l’intérieur. « Venez à l’intérieur, je peux vous donner une serviette chaude et, si vous le voulez, je peux étendre vos habits mouillés dans ma buanderie. » Elle est modeste mais c’est toujours mieux que rien. Et puis je me sens presque redevable, maintenant. « Si vous le souhaitez, vous pouvez dormir sur mon canapé, cette nuit."

Je me dis qu’un canapé, même d’occasion, sera toujours plus confortable que le bitume, non ?

Ah, le rire, quel son merveilleux. Presque une mélodie si l’on se sent d’humeur poète… Et il obtient même le nom de la chanteuse, parfait, il prend note dans sa tête, il n’oublie jamais un nom, sauf si c’est délibéré. Avoir une mémoire sélective est vraiment pratique.

Cependant, aurait-il mal entendu ? Tant d’hospitalité venant d’une habitante de grande ville envers un parfait inconnu est… original ? Soit cette femme à le cœur sur la main, soit elle fait preuve d’une grande naïveté soit elle a une confiance inébranlable pour ses capacités à se défendre… Il choisis de ne pas y prêter plus d’attentions et de simplement la suivre, beaucoup moins prise de tête.
《 Ce serait absolument charmant, je dois dire que je ne me souviens vraiment pas de la dernière fois où j’ai dormi sur quelque chose du genre. 》Et d’expérience, il sait que ceux qui traînent dehors sont des nids à puce et à rats, il préfère les éviter.

《 Donc, Miss Kasai, 》il retire ses getas au pied de la porte, regardant curieusement le lieu, 《 Je présume qu’il faudrait mieux que je ne trempe pas l’endroit… Oh et, vous pouvez m’appeler Haku ou Ritsuka, comme bon vous semble, je ne suis pas homme à respecter. 》Par contre homme a vite se mettre à l’aise, ça oui. Il dénoue son kimono et son bandana, laissant ses cheveux encore bien humide tomber dans son dos. Il s’incline. 《 Merci pour cette opportunité. 》Et puis il lui fait un baise-main, parce qu’il n’a rien d’autre à offrir à part ses vêtements mouillés qu’il porte sous le bras.

Autant être honnête, je ne savais pas trop moi-même dans quoi je m’embarquais. Considérant mon passé au sein de la mafia et du traitement que j’ai parfois reçu auprès de l’épouse du grand chef, je me dis que les apparences peuvent être trompeuses et, qu’il ne fut jamais exclure la possibilité qu’une personne de prime abord excentrique puisse se révéler être quelqu’un de sensationnel. Et même sans savoir si je reverrai un jour cet homme, je préférais me fier à mon instinct – et ma culpabilité, aussi, un peu.

A sa remarque, j’allais pour faire volte-face jusqu’à ma salle de bain, mais il m’arrêta avant que j’eusse le temps de dire quoi que ce soit en… embrassant ma paume ? Là, de manière instinctive, et sans savoir ce qu’il m’a pris exactement, je me retrouve… A le gifler. Et le regrette immédiatement. « Par tous les dieux, je suis désolée ! Pardon ! C’est juste que… Je n’ai pas l’habitude de ce genre de… Enfin, c’est une marque d’affection, j’imagine ? Je ne sais pas… Ah ! Je ne vous ai pas fait mal au moins ?! Pardonnez-moi ! »

Mais le mieux reste encore dans l’action, me dis-je. Alors, je file chercher une grande serviette à mon invité imprévu et m’incline en signe d’excuse supplémentaire. « Si vous souhaitez vous réchauffer, ou vous rafraichir… la salle de bain est juste au bout du couloir… » Peut-être en amenant de nouvelles offres… Mon dieu mais que je suis stupide !

ZBAFF ! Que. Quoi ? Il porte la main à sa joue, écoutant les excuses précipité de la jeune femme, ne comprenant pas vraiment à quel moment de l'échange a t-il fait quelque chose pour mériter la douleur cinglante de l'instant. Une marque d'affection ? Aucune idée, il avait seulement vu les gens faire ça dans un film diffusé sur les télés en vitrine de magasin, ça lui avait donc semblait approprié... Il semble vraiment l'avoir perturbée, elle en dit des choses un peu étrange, timide?
Mais il n'a le temps de piper mot qu'elle file déjà, le laissant là, lui et sa joue rougie à se demander ce qu'il devait faire, heureusement la cornue revient bien assez vite avec une grande serviette et..D'autre service.

« Je pensais ce geste plutôt comme un...remerciement ? Et ne vous inquiétez pas, vous m'avez fait bien mal, mais c'est déjà parti. » Sinon il aurait eu un bleu et là, ça aurait été... Non pas embêtant en fait, peut-être même que des gens aurait pris pitié de sa tête et que les dons aurait été plus généreux... Mais il ne va pas lui tendre la joue pour qu'elle recommence. Non, il a de bien meilleurs plans.

« Je vous prends sur votre offre, une douche serait... » Il passe la main dans ses cheveux, ses doigts se retrouvant coincé dans la masse de nœud mouillé, ne rendant que les choses pire. «...Bienvenue. Par là donc ? » Au bout du couloir, un peu difficile de se perdre, la première porte qu'il ouvre est la bonne. Il hoche la tête et entre, laissant la pile de linge devant. Dieux que ça allait lui faire du bien.

La salle de bain de ma maison est relativement petite mais j’espère qu’elle saura lui apporter assez de confort, tout de même. Déjà que je lui ai retourné une gifle par instant… Par tous les dieux shintos, comment est-ce qu’une chose pareille a pu se produire ?! Pile au moment où je commençais à prendre confiance, en plus. Je suis vraiment stupide en matière de relations sociales, c’est insupportable ! Je devrais pratiquer d’avantage…

Hum, en attendant, je me dis que mon invité aura peut-être faim en sortant de sa douche. Alors je regarde ce qu’il me reste à l’intérieur du réfrigérateur et le néant qui s’y trouve me fait bien comprendre qu’il va me falloir remédier à son appétit très prochainement. C’est vrai que j’ai oublié de faire les courses, justement, aujourd’hui. Il ne me reste plus que deux mochis glacés au sakura et … de quoi faire un petit déjeuner demain matin. Bon, j’imagine que c’est toujours mieux que rien alors je dépose les deux mochis dans une assiette, sur la table de la salle à manger, attenante au couloir menant à la salle de bain. Il ne pourra pas les rater en passant devant.

D’instinct, je m’empare des vêtements laissés en dehors de la pièce d’eau pour aller les mettre à la machine à laver. Je lance le programme le plus rapide mais aussi le plus efficace. Je ne tiens pas à lui retirer ce qui lui appartient trop longtemps.